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Romancier, nouvelliste, dramaturge et scénariste,
Zlatko Topčić
a été rédacteur en chef de la revue Slovo et a dirigé de 2001 à 2011 le Kamerni Teatar 55.
Il est actuellement directeur de la télévision de Sarajevo.


Zlatko Topcic

Le mot de la fin
Couverture :
© Gérard Adam


LE MOT DE LA FIN


Roman
Parution 15 février 2016
252 pages
ISBN: 978-2-8070-0074-2
19,00 EUR

Titre original : "Završna Riječ", Biblioteka Kontekst
Traduit du bosniaque par Jasna Samic et Gérard Adam


L’accusé, poète devenu à son corps défendant sniper dans l’armée de Bosnie-Herzégovine durant le siège de Sarajevo, a-t-il vraiment commis le monstrueux crime dont on l’accuse : l’assassinat de deux fillettes serbes pour venger les deux filles de celle qui fut son premier amour ?
Ou s’agit-il d’un procès monté parce que, issu d’un couple mixte sur le plan de la nationalité, « de tous et de personne », il semble un coupable idéal dans la quête d’une balance entre les criminels de guerre des deux camps ?
Ou encore, a-t-il été victime d’une vengeance machiavélique de la part d’un mari trompé, membre d’une unité très spéciale des services de sécurité ?
Dans la procédure judiciaire, le rôle du jury est tenu par le lecteur qui, sur la base du filet de preuves et de déclarations contradictoires, doit reconstruire les événements d’une guerre déjà lointaine et porter un jugement.
Mais l’accusé, au lieu de se défendre, récapitule sa vie et fait le bilan de ses pauvres amours, « comme si, dans ma vie, il n’y avait rien eu d’autre, ou que rien d’autre ne méritait d’être évoqué ».

Završna Riječ
a obtenu le prix Skender Kulenović et le prix biennal Hasan Kaimija.




e-book
11,99 EUR



Extrait


Nous nous glissons à l’envers dans le futur. Subrepticement, mais, un beau matin, le visage qui la regardera ne sera plus le mien. Pas une seule image commune ne subsistera. Son nouveau mari lui semblera parfait. Il me reléguera tout à fait dans l’ombre. Si jeune, elle n’a aucune raison de m’attendre. Sa peau est encore lisse et son front sans ride. Le tic-tac de l’horloge est impitoyable, il tourne chacun en ridicule. Notre fils héritera peut-être d’un beau-père désagréable, mais elle est prête à payer ce prix. Entre-temps, en un frémissement, le garçon sera sorti de son cocon et, tel un papillon, aura pris son envol. Je n’ai rien à lui transmettre, tout ce que je pourrais lui dire serait des oripeaux sans utilité. Simplement, qu’il prenne avec prudence tout ce qu’il entendra à mon propos. Il aura peut-être un frère ou une sœur, premier bénéfice de ce deuxième père, fourbe et grossier. Il lui donnera sur la joue des baisers sonores, comme à un proche, comme à moi. Il m’évoquera au moins une fois l’an, et aussi chaque fois qu’il voudra maudire quelqu’un et mentionner un mauvais exemple.
J’ai réussi. J’ai un fils qui n’a plus besoin de moi et une femme qui n’éprouve plus d’amour pour moi. Au fil du temps, je me suis réconcilié avec une vie sans amour. Nul ne s’en est soucié. À part le fait que je suis écrasé comme une punaise, un mort-vivant, tout est grosso modo en ordre. Ici, on cultive le chiendent comme ailleurs les roses ou les giroflées ; avec les mêmes soins dévoués, le même désir de les voir fleurir, d’enfouir pour l’an prochain sa précieuse semence dans un sol fertile, pour ensuite, à toutes forces, l’en arracher.




Ce qu'ils en ont dit

Le mot de la fin peut se traduire ici par « en fin de compte ». Et finalement, qu'a voulu le narrateur nous conter ? Une histoire hors du commun et pourtant vraisemblable qui se déroule dans un pays en recherche.
Poète, le narrateur est en prison : on lui reproche d'avoir tué deux fillettes en pleine rue. Les a-t-il tuées ? Il s'en défend. Mais qui est-il ? Un poète plutôt taiseux, effacé, mais vibrant en amours plurielles. Volage ? Non, pas vraiment ; les hasards de la vie lui font découvrir Maja, Gordana, Aïda, Belma, Indira, Selma, Lala... le décor ? Sarajevo durant la guerre. Il est pris dans la spirale des combats, sniper dans une armée régulière. Pourtant, il est non-violent, poète non reconnu, victime d'un régime égoïste, avide de littérature.
Très original, le découpage du roman. Il y a des scènes de tribunal mais avant tout un récit qui nous dévoile la vie à Sarajevo : le régime communiste d'avant, le renouveau qui semble ressembler à l'ancien, la multiculturalité où coexistent musulmans, orthodoxes, juifs. le nom même du narrateur révélé en fin de roman en est un bel exemple : Rodrigo de la Pena (occidental) David (juif) Chrysostome (orthodoxe : étymologiquement « bouche en or ») Ibn al Abdullah (musulman).

D'Halluin, Babelio et Critiqueslibres.com

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Une littérature qui m'était jusqu'alors inconnue : la littérature bosnienne et dans laquelle j'ai envie d'aller fouiner un petit peu plus, mais peut-être en commençant par des oeuvres plus légères car avec ce livre, j'avoue que je suis tombée de haut et que je m'en suis pris plein la figure (enfin, histoire de parler car bien entendu, ce n'était pas moi qui était visée), d'où le fait que je vous recommande d'avoir le moral lorsque vous vous attaquez à pareille lecture.
Ici, notre protagoniste, qui n'est jamais nommé, excepté dans la toute dernière page, se retrouve sur la banc des accusés pour assassinat de deux fillettes durant la guerre de Bosnie-Herzégovine et plus particulièrement pendant le siège de Sarajevo. J'étais alors très jeune à l'époque et je me souviens que les images retransmises m'avaient alors choquées à tel point que mes parents m'avaient interdit de regarder les Information. Surtout ne pas voir et c'est un peu le même schéma qui se reproduit ici car, alors que notre anti-héros doit se défendre de cet abominable crime, il ne trouve pas d'autre échappatoire que de raconter sa vie et, surtout ses amours. Comme un carnet de souvenirs dans lequel il aurait consigné toutes ses aventures amoureuses, il nous décrit et présente toutes les femmes qui ont marqué sa vie jusqu'à la dernière, qui deviendra son épouse et lui donnera un enfant. Cet enfant, chair de sa chair, il ne l'appellera jamais par son prénom mais tout simplement par le surnom de "bonheur" comme si cela voulait tout dire. Aussi, un homme pour lequel son enfant est plus précieux à ses yeux que sa propre vie serait-il capable d'arracher ce bonheur-là à d'autres parents innocents dans ce conflit ?
Alors que la guerre a détruit des vies entières, pourquoi s'attarder sur le crime de ces deux fillettes ? Tout simplement parce que cela est intolérable, même en tant de guerre et qu'il faut à tout prix trouver un bouc-émissaire ? Que quelqu'un paie pour tous les autres ? Pourquoi le narrateur et protagoniste a-t-il choisi de ne pas se défendre ? Ou plutôt de se défendre par la simple moyen de l'écriture ? Cette dernière serait-elle plus forte que les armes ? de cela, j'en suis convaincue mais qu'en est-il d'une écriture n'ayant aucun rapport avec ce dont on l'accuse ?
Poète, enseignant, notre narrateur est tout cela, mais il est avant tout un homme avec ses forces mais aussi ses faiblesses. Ces dernières l'auraient-elles poussées à commettre l'irréparable ?
Un ouvrage extrêmement bien écrit avec entre les épisodes de sa vie romantique des scènes qui se passent au tribunal mais dans lesquelles l'accusé n'intervient jamais. ce sont les autres qui parlent pour lui et qui, en quelque sorte, lui font son procès. Ouvrage poignant dont il est impossible de sortir indemne ! J'espère juste pouvoir dormir cette nuit ! A découvrir sans faute mais à lire avec un moral d'acier et surtout (petite recommandation), de jour !

Cicou45

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Voici un roman original, de cela je suis convaincue. du reste, cette lecture me laisse une impression mitigée.
C'est l'histoire d'un homme dont on ne découvrira le nom qu'à la fin du livre, qui se défend d'un crime ignoble dont on l'accuse : l'assassinat, en plein jour, de deux fillettes, en pleine rue dans un Sarajevo en guerre... Mais sa défense n'est pas classique, il sent que pour cela, il doit commencer du début… en nous contant toutes ses aventures, de la plus furtive à la plus importante, de la plus débridée à la plus pudique… La façon dont il se souvient de chacune d'entre elle est teintée de nostalgie et de tendresse.
J'ai eu du mal à accrocher au début de l'histoire, un homme mûr, dont le couple bas de l'aile et qui nous raconte ses amours passées j'ai eu peur de me sentir trop éloignée du personnage pour m'intéresser à son récit. Finalement, une fois rentrée dans l'histoire, le récit s'enchaine bien, on avance, chaque chapitre raconte un nouvel amour et une nouvelle étape de la vie du narrateur.
L'écriture est parfois un peu « lourde » à mon goût, cet avis est sans doute personnel et je vois que mes co-lecteurs ne sont pas tous de cet avis et parle de grand écrivain. Pour ma part, je trouvais souvent les phrases un peu trop alambiquées, inutilement, me poussant parfois à relire un paragraphe plusieurs fois pour l'enregistrer.

Gaia7, Babelio

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La vie en temps de guerre n'est pas simple, tout le monde le sait.
La guerre change les hommes, Zlatko nous raconte l'histoire de cet homme qui de poète est devenu sniper et qui aurait commis un acte impardonnable.
Mais comment une guerre peut-elle changer une personne à ce point ?
Pour le comprendre, peut-être faut-il en effet revenir sur le parcours de cet homme, peut-être que la réponse se trouve effectivement dans sa vie précédent ce fait.
Mais au final, n'est-ce pas juste que cet homme veut se trouver une excuse pour avoir commis cette horreur ?
Ce livre est le deuxième que je lit étant traduit du bosnien, eh bien je peux sans conteste dire que ce pays regorge de merveilleux talents au niveau littéraire. En ce qui concerne ce livre, l'histoire est tellement prenante que je n'ai pu que difficilement le lâcher, je voulais comprendre, je voulais savoir.
En lisant le résumé, je ne m'attendais certainement pas à être autant prise par l'histoire.
Si vous aimez faire de nouvelles découvertes, découvrir des talents inconnus, je vous conseille vivement de lire ce livre de Zlatko Topčić.

Alouqua, Babelio.

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Récit à la première personne.
L'histoire alterne entre le présent, avec le jugement du narrateur et des retours dans le passé sur fond de guerre.
Le narrateur, dont on ne sait le nom qu'à la fin du récit, est accusé d'avoir assassiné 2 fillettes, par vengeance, alors qu'il faisait partie de l'armée volontaire dans l'armée de Bosnie-Herzégovine.
Celui-ci, au lieu de nous raconter la terrible journée de cet assassinat, nous raconte ses amours, ayant enchaîné les conquêtes féminines (Maja, Aïda, Azra....) sans vraiment se "poser" avec aucune d'elles, sa tentative de fuir Sarajevo en créant un journal pour obtenir une accréditation de journaliste..
Je n'arrive pas à qualifier vraiment le genre de ce récit, en tout cas je en m'attendais pas du tout à ça. Ce livre est très bien écrit, avec un homme qu'on sent torturé, avec une âme de poète, un peu perdu dans ce monde qui ne lui ressemble pas, dans cette guerre qui n'est pas la sienne...préférant luter par les mots que par les actes, je le dirais même pacifistes...
Un auteur avec un talent fou !

Sandrinarr, Babelio et http://bookliseuse.blogspot.be/2016/06/le-mot-de-la-fin.html


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